Le faire est dans l'être

Parler, éveille parfois la suspicion et le doute,
Qui amènent aux heureux bavards
L’obligation d’un pourquoi à leurs mots,
Et parfois la tristesse de leur silence.

Proposons que parler soit un acte de courage;
En cela que la parole expose son frais pétale
Aux oreilles sourdes qui à la place d’entendre,
Regardent et voient de vieilles idées
Qu’elles froissent de leurs petitesses.
En cela aussi que cette parole arrive à dire toujours
Ce qui n’avait jamais été dit ici, par lui et par elle.

Et pour les éclats de lumière
Qu’elle foule à ses jambes aussi déterminées
Que celles d’un bambin apprenant à marcher
Semblant piétiner dans la poussière
Pendant qu’il cherche l’axe du ciel.

La parole est à l’esprit, ce que la peau est au corps ;
Cette toute première chose qui vous touche vraiment,
De l’inconnue pensée qui danse dans le silence,
Comme la première tendresse dont vous ne deviniez pas la chaleur.

La parole ouvre les bouches, les oreilles et finalement les cœurs.
Et par cette joie simple à écouter le cri des animaux,
L’oiseau qui chante ou le loup hurlant sous la lune,
Souvenons-nous avant que d’être tus :
Le cri de l’homme est sa parole.