spectacle

Publié le 11 Avril 2014

Le café est versée dans la tasse
la serveuse fait des aller-retour de l'intérieur à l'extérieur du bar,
les tables servent de tables,
un chien suit les odeurs de sa truffe,
des clients à gauche, à droite,
tout est parfaitement orchestré.
Une partition se joue par tous ses virtuoses,
et moi jouant la partition de l'observation.
Des voitures filent en contre-bas,
elles jouent leur vitesse,
des enfants font semblant d'être dans leur poussette,
le soleil fait aussi sembler de chauffer.
Le chien fait semblant d'être chien, il le joue si bien !
La pièce est parfaite,
les séquences émotions se succèdent,
les scénarios s'entâment et se terminent,
on se regarde les uns les autres,
on joue les étrangers.
Une cigarette est fumée,
des gens se saluent, s'embrassent, s'ignorent.
Personne ne fait d'erreur, tout est absolument synchronisé.
On joue l'anonymat, on joue l'individu,
on joue les vies qui se croisent sans se rencontrer,
on joue les existences différentes,
et on joue aussi les visages sans ressembance.
Pourtant, au coeur de cet oeuvre d'art,
la route qui fait semblant d'être route,
le bar qui tient son rôle de bar, et ces personnes dans leurs rôles de personnes,
tout semble se tenir par un fil commun et ténu
le fil d'un accord secret.
Une telle multitude, mais un seul regard.
Une fermeture éclair semble pouvoir retirer tous ces visages et ouvrir sur le vide.
Ce monde est une pièce à deux faces, et le derrière des choses est oublié.
Il n'y a que le jeu du faire-semblant,
et dans ce faire-semblant, un spectacle d'une précision inouïe;
Tout est là, absolument tout
et je n'y suis pour rien d'être jouée par moi-même.